Sculpteur belge né à Huy en 1968, Fabrice Magnée, en autodidacte, se forme aux techniques du travail du métal dès l’année 2002 auprès de son ami Eugène Cheniaux. De cette formation atypique, il tire un amour de la matière qu’il assemble en de très élaborées sculptures selon les lois harmoniques. Ses travaux, par leur rythme, occupent l’espace avec une densité rare dans la lignée des grandes traditions. Chose peu courante qu’il importe de souligner : son matériau est, au départ, constitué de quelques clous hérités de la restauration d’une maison familiale. Grâce à la soudure, il les modèle, les assemble, leur donne vie. Très vite, son activité évolue pour devenir de la soudure artistique.
En 2006, un salon d’ensemble à la galerie Artpero de Crupet lui permet de présenter ses premières réalisations. C’est le début de l’aventure jalonnée de nombreuses expositions et de belles rencontres en Belgique et à l’étranger.
Depuis la découverte des premiers clous, Fabrice Magnée sillonne le pays, l’attention parfois attirée par un bâtiment en restauration. Là, il peut trouver quelques clous forgés en hiver, il y a longtemps par un homme, une femme ou un enfant. Les faire revivre, c’est pour l’artiste, une manière d’entretenir la mémoire de ces gens, de notre histoire, de nos racines. Les clous sont déformés par extraction au pied de biche ou à la tenaille. Ils ne sont pas ou peu retravaillés par la suite. Impossible. Trop cassants. « Je les observe afin de trouver les meilleures combinaisons possibles pour créer mes pièces. Il arrive qu’une sculpture reste de longs mois dans l’atelier car je ne trouve pas les clous nécessaires à son achèvement. »
Fabrice Magnée puise son inspiration en observant les gens autour de lui. Les gens se croisent, occupent un même espace mais vivent des expériences différentes, seuls dans le monde qui les entoure. Dans ses sculptures, il y a beaucoup de ces vies parallèles. C’est ainsi que, d’un tas de clous, surgissent les personnages, marcheurs, échasseurs, isolés ou rassemblés… « L’instinct, le hasard, je suis instrument dans l’émotion de la vie d’atelier. Je ne raconte pas d’histoires. Je distribue des images. Oui, c’est dans cet ordre, mes sculptures sont des images. Le public s’en empare et chacun, avec ses émotions, réécrit sa propre histoire. »
La galeriste avignonnaise Marie-Marguerite Buhler écrit : « Derrière la dureté du métal martelé par des mains enfantines se cache la tendresse de l'artiste redonnant vie et liberté à ceux qui ont souffert en créant les clous et en agençant des structures de bois centenaires. Légèreté des échasses à hauteurs variées, danse de ballerine sur le fil, tiges courbes, allongées ou rapetissées en ombre sur les murs…autant d’échos des lointaines charpentes anciennes. Fabrice aime la rencontre et il le dit, bien caché derrière ses machines à souder et dans un éclat de rire, vite remplacé par une interrogation pour le spectateur. C’est un artiste reconnu, proche et original, funambule avec le métal…délicat et fort… à découvrir sans délai ! »